Encore un départ - La Chine, la solitude, l'aventure.

Publié le par Elisabeth

Arrivée à Shanghai.
À l'aéroport, j'avais des frissons dans le ventre dus à l'excitation de voyager de nouveau, de découvrir enfin cette Chine si crainte et si riche. C'est une émotion que l'on ne ressent qu'en voyageant seul dans l'inconnu. Une angoisse réelle mais qui n'a pas le goût de la peur. Le coeur bat d'une façon unique, sourde mais à l'affut, et pousse à avancer coûte que coûte.
Après m'être tranquillement perdue dans le métro, je suis arrivée à bon port, dans un quartier crasseux mais dans l'auberge prévue. Le staff est très sympathique et pardonnait mes réflexes japonais : je répondais à toutes leurs questions par "hai" et remerciais en "arigato", mon cerveau était encore fatigué, aurais-pu penser si ça n'avait duré jusqu'au soir...
Je suis ensuite sortie faire un tour de reconnaissance. Ce qui frappe en premier, c'est la crasse, partout. Avec cette crasse flottent des odeurs : kérozène, poussière, nourriture, et efflux d'origines inconnues, qui prennent aux narines comme des poings se serrant sur un bras, et qui, ajoutés à la chaleur, créent une insupportable sensation d'inconfort moite. Les magasins sont mal éclairés, poisseux, sales, et tenus par des gens qui ne laissent filtrer aucune joie de vivre sur leur visage. Des fantômes. Les rues sont bruyantes. Les mendiants gesticulent pour gratter la moindre petite pièce de monnaie, poussent parfois la chansonnette, leurs voix seront de toute façon couvertes par les klaxons incessants et provoqués par une absence totale du respect d'un quelconque code de la route. Tout passage clouté ou pas est dangereux, car les voitures, surtout celles de marque, d'une propreté arrogante, font tout pour s'imposer, au-dessus de toute règle et de toute vie humaine. J'en venais à douter de pouvoir aimer ce pays. Puis j'ai visité une vieille maison typique des années 1910-20 où l'on peut apprécier l'ambiance de la vie shanghaïenne de cette époque : un fouillis à la française où tout est chinois, un mélange élégant de deux cultures esthétiques où je ne me sentais plus étrangère à moi-même. J'ai aussi pu voir une vieille dame courir pour lancer un cerf-volant pour son petit fils, quelques chats et chiens, des magasins bien tenus, et peu à peu j'ai découvert du bon.
De retour à l'auberge, j'ai pu avoir une conversation passionnante avec des musiciens pakistanais (surtout un), à propos de leur vie au Pakistan, des médias etc. Ils m'ont fait voir une face inconnue de la vérité, plus verte et plus joyeuse que ce que j'imaginais. Ça a enchainé sur un boeuf, où j'ai poussé la chansonnette, c'était un moment magique de communication musicale dans la paix et la bonne humeur. Ils font des concerts en Chine. Ils chantent des chansons chinoises avec leur son pakistanais. C'est génial.
Ensuite, je suis rentrée à ma chambre, et j'ai discuté un peu avec Maria (Catalane) et Igor (Russe) du voyage, de la Catalogne, de la Chine, du Japon etc. Et je me couche heureuse, car c'est ce que j'aime dans les voyages, rencontrer des gens extraordinaires, faire des bonds en dehors de ma zone de confort. Je crois sincèrement que ce n'est possible que toute seule.

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